Dans un monde numérique en perpétuelle évolution, les entreprises vivent souvent un certain paradoxe et déploient des infrastructures de plus en plus complexes pour gagner en agilité et simplifier la vie des utilisateurs (clients, collaborateurs). Mais cette quête d’efficacité peut parfois conduire à s’exposer involontairement à de nouvelles menaces. L’une des plus insidieuses reste le shadow IT, ces outils numériques utilisés sans l’approbation ni le contrôle du service informatique.
Ce phénomène, très répandu dans les PME comme les grandes entreprises, représente un véritable danger pour la sécurité des systèmes d’information, car il introduit des failles non maîtrisées et invisibles… jusqu’à ce qu’un incident survienne.
Qu’est-ce que le shadow IT ?
Le shadow IT désigne l’ensemble des logiciels, applications cloud, services web ou équipements utilisés en dehors de la validation de la DSI. Il peut s’agir d’un Google Drive personnel, d’un outil de gestion de projet en ligne non approuvé, ou même d’un smartphone utilisé pour accéder à des données sensibles de l’entreprise.

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Souvent utilisé pour gagner du temps, contourner une politique de sécurité trop contraignante ou accélérer un processus, le shadow IT est rarement malveillant à l’origine… mais il crée une zone grise dans laquelle la sécurité informatique ne peut plus être garantie.
Pourquoi le shadow IT met-il en danger votre sécurité informatique ?
Le principal risque du shadow IT, souvent identifié comme une erreur de sécurité courante, c’est qu’il échappe à toute surveillance. Aucun patch de sécurité appliqué, aucune journalisation des accès, aucune authentification renforcée… et donc, aucune capacité à réagir efficacement en cas d’incident.
Une simple application non sécurisée peut devenir une porte d’entrée pour une attaque. De plus, des données confidentielles peuvent se retrouver exfiltrées, non chiffrées, ou stockées dans des pays tiers, exposant l’entreprise à des violations de conformité.
Comment éviter le shadow IT ?
Pour limiter efficacement les risques liés au shadow IT, il faut aller au-delà des interdictions formelles. L’objectif est de reprendre le contrôle sur les outils et services utilisés dans l’entreprise, tout en préservant la productivité et l’agilité des équipes. Cela passe par un équilibre entre gouvernance, sensibilisation et solutions techniques adaptées. Voici les 5 règles clés à mettre en place pour renforcer durablement la sécurité des systèmes d’information.
1. Mettez à jour la cartographie de votre SI
On ne peut pas sécuriser ce que l’on ne connaît pas. Pour identifier les dérives et repérer les outils non officiels, il est essentiel de disposer d’une cartographie claire et actualisée de vos systèmes d’information : équipements, logiciels, services cloud utilisés, etc.

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Un audit de sécurité informatique est souvent le point de départ pour poser cette cartographie. Il permet de visualiser les flux de données, de repérer les accès non contrôlés, et de proposer des actions correctives concrètes.
2. Définissez une politique de sécurité claire et comprise
Lutter contre le shadow IT, ce n’est pas tout interdire. C’est donner un cadre clair, avec des règles de cybersécurité compréhensibles et partagées. Cela passe par :
- Une charte informatique accessible à tous,
- Une politique de sécurité des systèmes d’information (PSSI) pragmatique,
- Un processus simple pour valider un nouvel outil.
Une entreprise qui n’offre aucune alternative validée aux outils du marché pousse inconsciemment ses collaborateurs à se débrouiller seuls.
3. Formez vos équipes aux bons réflexes
La lutte contre le shadow IT passe aussi par la sensibilisation. Les collaborateurs doivent comprendre que l’usage d’outils non validés n’est pas anodin, même si c’est pour « gagner du temps ».
Des campagnes de sensibilisation ciblées, couplées à des tests de phishing, sont un excellent moyen de renforcer la culture de la cybersécurité. Tu peux en apprendre plus sur l’intérêt de ces campagnes ici.
4. Surveillez votre SI avec les bons outils
Il est difficile de tout contrôler à la main. Des solutions de sécurité comme les pare-feux nouvelle génération, les SIEM, les EDR, ou les outils de filtrage DNS permettent de détecter les usages anormaux et d’identifier les services SaaS non autorisés.
Pour connaître les solutions les plus pertinentes, voici un tour d’horizon des outils de cybersécurité essentiels pour votre entreprise.
5. Créez un dialogue constant entre IT et métiers
Le shadow IT est aussi un problème de communication. Si les utilisateurs ne savent pas à qui s’adresser ou s’ils perçoivent l’IT comme un frein, ils chercheront des solutions ailleurs.

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Favorisez un dialogue ouvert, nommez des référents cybersécurité dans chaque service, et montrez que la sécurité accompagne la productivité, au lieu de la bloquer.
Conclusion
Le shadow IT n’est pas qu’une erreur isolée, c’est un indicateur de maturité cyber insuffisante. Il révèle souvent un manque de cadre, de dialogue et/ou de formation au sein de l’organisation.
En adoptant une démarche structurée — mêlant gouvernance, outils adaptés et sensibilisation, votre entreprise peut reprendre le contrôle de son système d’information et réduire les risques associés.
La cybersécurité n’est pas là pour brider l’innovation, mais pour en garantir la pérennité.

Surya RACKI
Consultant cybersécurité, j'accompagne mon client au sein de son SOC. En administrant les solutions XDR et SIEM, je traite différentes alertes de sécurité et accompagne ce client en cas d’incident, en développent des connecteurs internes et en automatisant la détection et la réponse, grâce à l'intégration des référentiels MITRE / ETSI dans les logiques de détection et en améliorant de manière continue les playbooks.