En quoi consiste un pentest d’API ? Pourquoi est-ce important de les pentester ?
7 novembre 2025
Les API sont devenues la colonne vertébrale des applications web modernes. Elles permettent aux systèmes de dialoguer entre eux, aux services cloud de fonctionner, et aux utilisateurs d’interagir de manière fluide avec des plateformes toujours plus complexes. Mais cette interconnexion, synonyme d’agilité et d’innovation, ouvre également la porte à de nouvelles vulnérabilités. C’est là qu’intervient le pentest d’API — un test d’intrusion spécifiquement conçu pour évaluer la sécurité de ces interfaces — outil incontournable pour évaluer la cybersécurité réelle d’un système.
Une API, c’est quoi exactement ?
Une API (Application Programming Interface, ou « interface de programmation d’application ») est un ensemble de règles qui permet à deux programmes de communiquer entre eux. Concrètement, elle définit comment une application peut consommer ou fournir des données à une autre, via des requêtes structurées (souvent en HTTP/HTTPS, avec des verbes comme GET, POST, PUT ou DELETE).
Il existe différents types d’API :
- Publiques, ouvertes à des tiers (comme celles de Google Maps ou Stripe) ;
- Internes, destinées à des échanges entre microservices au sein d’un même système ;
- Partenaires, accessibles à un écosystème restreint de clients ou fournisseurs.
Leur rôle central dans la communication entre services cloud et applications web en fait une cible privilégiée : elles transportent des données sensibles, gèrent les authentifications et orchestrent des processus critiques.
C’est pourquoi les tests d’intrusion dédiés aux API sont devenus un élément clé de toute stratégie de défense.
Pourquoi les API sont-elles devenues un point d’entrée critique ?
La montée en puissance des architectures orientées microservices a démultiplié le nombre d’API exposées, augmentant ainsi la surface d’attaque de chaque entreprise. Là où une application web classique possédait une poignée de points d’entrée, un environnement cloud moderne peut en compter des centaines.
Chaque endpoint mal sécurisé est une porte potentielle pour un attaquant. Erreurs d’implémentation, absence de filtrage, authentification défaillante, mauvaise gestion des droits d’accès : autant de failles invisibles mais exploitables pour exfiltrer des données sensibles ou compromettre un compte administrateur.
Selon l’OWASP API Security Top 10 (2023), les vulnérabilités les plus courantes concernent la gestion des identités, la manipulation des objets, ou encore l’exposition excessive de données. C’est ce qui explique pourquoi l’évolution de la surface d’attaque impacte directement la cybersécurité des systèmes d’information, notamment dans les environnements cloud où les interconnexions sont nombreuses. Des risques d’autant plus préoccupants qu’ils échappent souvent aux audits de sécurité traditionnels.
Un exemple concret de faille d’API : l’exemple d’une faille de type SSRF (Server-Side Request Forgery) :
Imaginons un endpoint fetchUrl qui télécharge le contenu d’une URL fournie par l’utilisateur. Si le serveur n’exclut pas les destinations internes, une SSRF permettrait de forcer des requêtes vers des ressources non publiques. Tester peut révéler rapidement :
- Jetons/identifiants temporaires (metadata services cloud) ;
- Interfaces d’administration internes et pages de configuration ;
- Données applicatives sensibles dans des réponses JSON (emails, identifiants, numéros) ;
- Fichiers de configuration exposant chaînes de connexion ou secrets.
En conséquence : exfiltration de données, pivot vers d’autres services, ou prise de contrôle partielle via tokens récupérés.
En quoi consiste un test d’intrusion sur une API ?
Un pentest d’API vise à identifier et exploiter les failles présentes dans les interfaces applicatives, dans le but d’évaluer leur niveau réel de sécurité.
Contrairement à un pentest web classique, il ne s’agit pas ici de naviguer sur une interface utilisateur, mais d’analyser directement les flux d’échanges entre systèmes.
Le test se déroule généralement en plusieurs étapes :
- Cartographie des endpoints exposés et identification des méthodes disponibles ;
- Analyse des mécanismes d’authentification et d’autorisation (tokens JWT, OAuth, clés d’API, …) ;
- Injection de charges malveillantes pour tester la robustesse du traitement des requêtes ;
- Validation des contrôles d’accès pour détecter les escalades de privilèges ou les IDOR (Insecure Direct Object References) ;
- Évaluation de la logique métier et détection d’abus possibles dans les processus fonctionnels.
Ces tests peuvent être réalisés en black box (sans informations préalables), en grey box (avec documentation ou identifiants partiels), ou en white box (avec collaboration des équipes techniques). Réaliser un test d’intrusion complet sur ses API permet de mesurer précisément le niveau de sécurité effectif d’un environnement applicatif.
Les vulnérabilités les plus fréquentes observées lors de pentest d’API
Un test d’intrusion révèle en réalité assez souvent les mêmes failles. Le pentest d’API quant à lui en révèlent également régulièrement des similaires. On retrouve par exemple des configurations CORS trop permissives, des fuites d’informations sensibles dans les réponses JSON, ou encore des accès non restreints à des identifiants d’utilisateurs (IDOR).
Les mauvaises gestions des tokens d’authentification, les réponses d’erreurs trop détaillées ou les failles de logique métier sont également courantes.
Trop d’organisations estiment être protégées par leurs pare-feu ou leurs contrôles d’accès, alors que les vulnérabilités se trouvent ailleurs.
“Nous avons tous les outils nécessaires, alors pourquoi faire un pentest si on est déjà protégé ?”
Il est essentiel de comprendre qu’être déjà protégé ne signifie pas être invulnérable. Ces erreurs, qui passent parfois inaperçues lors d’audits classiques, ne sont pas forcément dues à un manque de vigilance, mais souvent à la complexité croissante des environnements interconnectés. C’est pourquoi la détection de ces failles repose sur une approche offensive, telle que celle utilisée dans un test d’intrusion sur applications web et API.
Pourquoi pentester vos API est devenu indispensable
Les environnements cloud modernes évoluent vite, et chaque nouvelle version d’une application peut introduire une faille. Or, la majorité des attaques exploitent aujourd’hui des erreurs humaines ou des défauts de configuration, bien avant des vulnérabilités “zéro-day”.
Un pentest API permet de :
- Détecter en amont les failles logiques et techniques avant qu’elles ne soient exploitées ;
- Valider la conformité avec les bonnes pratiques OWASP et les exigences RGPD / ISO 27001 ;
- Réduire le risque de fuite de données critiques ;
- Améliorer la résilience globale du système d’information.
Les API sont souvent moins protégées que les front-ends, car elles ne sont pas “visibles” par les utilisateurs finaux. Pourtant, ce sont elles qui manipulent les données les plus sensibles. Tester ses API, ce n’est plus une option. C’est une nécessité opérationnelle, qui doit s’inscrire dans un processus d’amélioration continue.
Vers une approche globale de la sécurité des API
Un test d’intrusion sur une API ne se limite pas à trouver des failles : il s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue.
Les organisations les plus matures intègrent ces tests au sein de leurs pipelines CI/CD, en lien avec leurs pratiques DevSecOps. Les vulnérabilités détectées sont ainsi corrigées plus tôt, à moindre coût et avant toute mise en production.
Pour aller plus loin, SkillX accompagne les organisations dans cette démarche complète : audit, pentest (et pentest applicatif), durcissement des configurations et formation des équipes techniques. C’est cette vision de la cybersécurité intégrée qui permet d’assurer la fiabilité des API et la pérennité des systèmes d’information. Parce que la cybersécurité des applications web modernes passe avant tout par une compréhension fine de leurs interfaces.